• Tes yeux s'évadant dans la pâleur du jour,
    De la couleur de la nuit profonde et sans lune,
    Tes cheveux parsemés d'une myriade de reflets dorés,
    Tes mains douces comme la caresse d'un rayon de soleil,
    Je t'aime comme jamais je n'ai aimé.
    Mon cœur lourd s'envole lorsque ton regard pénétrant s'enfonce dans le mien,
    Et tes pommettes de la couleur du matin ont éclairé ma vie.
    Remplie d'amour lorsque je te vois,
    Ta beauté intérieure me transperce telle une douce musique saupoudrée de beaucoup de joie.
    En quelques mots, je te l'annonce, mon cœur est tien.
    Ma vie tu as changé,
    Et je glisse sur un tapis d'amour,
    Depuis que mes yeux ont croisé les tiens.

    Je retiens l'irrésistible envie de toucher tes cheveux bruns,
    D'effleurer ton cou de mes mains,
    De serrer ton corps contre le mien;
    Car tu n'es pas pour moi;
    Tu ne vivras jamais dans mes bras,
    Tu ne suivras pas mes pas,
    Jamais tu ne m'embrasseras,
    Car toi et moi, cela n'existe pas.
    Et pourtant...
    Ta peau qui m'envoûte,
    Ton sourire qui m'ensorcèle,
    Ton charme qui me consume...
    Certains plaisirs sont impossibles,
    Mais je te désire, tu es ma cible.
    Je me meurs sans ta présence,
    Et ta parole me met en transe,
    Ton nom sur ma langue a un goût merveilleux,
    Ces cinq lettres que je prononce avec tant d'amour,
    Car ton souffle m'est si précieux,
    Que je t'aimerai toujours.

    Depuis que je te connais, ma vie n'est qu'illusion
    Je vis sur un tapis de secrets ,
    Que je brûle toujours plus de ma passion...
    Rends-moi mon cœur!
    Sans lui, je ne peux vivre.
    Rends moi l'amour que je t'ai offert,
    Et que tu as lourdement enchaîné de ta haine!
    Ne me torture plus, je suis à bout de force.
    Car chaque jour, mon amour pour toi se renforce.
    Tu m'attires vers un gouffre,
    Sans savoir combien je souffre.
    Tu gardes égoïstement une chose qui ne t'appartient pas,
    Un long fleuve d'amour que je t'ai proposé du bout des doigts.
    A ton approche, je l'entends qui soupire.
    Tu gardes deux cœurs, et je risque de mourir.
    L'un est de pierre solide,
    L'autre, abandonné, comme une rivière se vide.
    Je n'ai qu'un seul désir, je n'ai qu'un seul souhait,
    Laisse-moi aimer en paix,
    Pour que je cesse de souffrir.


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  • J'ai écrit ce texte pour le présenter au concours de Sasha27, sur le thème :

    "Vous êtes un petit elfe maléfique. Vous cherchez à entrer dans l'esprit d'un mortel (ce que vous voulez) pour prendre possession de son esprit. Décrivez votre personnage et comment allez-vous espérer atteindre le but. Vous direz également si vous réussissez ou non. Vous présenterez l'histoire sous forme d'un roman."

    Il ne m' échappera pas. C'est simple, il est un pauvre et faible être humain. Moi, je suis un elfe. Une créature magique qui possède le plus grand des pouvoirs : pénétrer l'âme des êtres vivants. Marouca est un africain innocent, qui va servir à garnir nos armées. Il a une peau chocolat, j'adore cette couleur. C'est pourquoi je ne me plains pas beaucoup que l'on m'ait assigné cette mission. Je suis capable de pénétrer son âme, ceci est aussi simple que dire bonjour. Mais ma mission ne s'arrête pas là. Je dois puiser toute l'énergie de son âme afin de prendre possession de son corps. Notre chef, Gorgonzola Le Grand, cherchait un moyen d'envoyer les elfes faire la guerre aux trolls sans perdre de combattants sur le champ de bataille. Il a eu cette idée aussi brillante que cruelle : posséder les
    humains. Ils sont plus de six milliards sur la planète, et les trolls sont cent mille. Nous aurons bien assez de corps à jeter dans la fournaise du combat. Je me pose silencieusement sur un muret de pierre, à quelques centimètres de l'oreille de Marouca. Il ne me voit pas : le petit africain joue avec sa sœur à 1, 2, 3 soleil, un jeu futile inventé par les humains. Je me penche vers son oreille. Beurk, je vais devoir plonger dans cette merde orange ! Allez, 1,2,3.... « Soleil !!! » s'écrit la petite fille en faisant volte-face vers son frère. Celui-ci penche la tête en riant et voilà que je dégringole la tête la première dans son oreille. Beurk beurk et re beurk, je suis tout puant à présent ! Je continue mon chemin vers le cerveau.

    Marouca s'arrête soudain de jouer. Il vient de sentir un moucheron rentrer dans son oreille. Il secoue vivement la tête. Peut-être a-t-il rêvé. Il s'apprête à continuer le 1, 2, 3 soleil que sa sœur aime tant quand une violente migraine le fait s'effondrer au sol. De violents coups lui martèlent l'intérieur du crâne. « Marou ? Qu'est ce qui se passe ? » Cynthia lui prend la main et pousse des petits cris inquiets. Marouca griffe le sol comme pour apaiser cette insupportable douleur. Il a le sentiment qu'on l'électrifie de l'intérieur. Il sue à grosses gouttes. « Je veux mourir... » pense-t-il. Et à sa grande surprise, une voix aiguë lui répond : « Ton vœu sera exaucé dans quelques minutes ». Marouca regarde autour de lui. Il n'y a personne, hormis sa sœur, qui pleure à présent. Marouca se tortille au sol en hurlant. Il a conscience que sa migraine et la voix qu'il a entendue sont liées. « Qui que tu sois, arrête ça ! C'est insupportable ! » hurle-t-il. Seuls les sanglots de Cynthia lui répondent.

    Un jeu d'enfant, j'en étais sûr. Marouca n'a pas tardé à s'effondrer dès que je suis entré dans son cerveau. Il me demande lui-même de l'achever. Je ne vais pas me gêner, bien entendu. Ce que j'adore dans ce job, c'est la satisfaction que je ressens après avoir tué un humain. Je me dis « un salaud de moins sur terre ! » Et je ricane comme les méchants des dessins animés. Oui, ma plus grande qualité est d'être sadique. Je me demande si je ne devrais pas le torturer un peu plus longtemps. Je ne l'achèverai que dans quelques minutes, lorsqu'il sera à point. En attendant, je renforce ma pression sur ses neurones.

    Marouca se tape la tête contre le muret. La douleur le rend fou. Il hurle de plus en plus fort chaque seconde. Sa mère arrive, très inquiète, et s'accroupit près de son fils en lui hurlant de se calmer. « Marouca ! Marouca ! Regarde moi bon sang ! » Elle le tourne violemment vers elle, et a un mouvement de recul en voyant ses yeux. Ils sont devenus entièrement blancs. La pupille et l'iris ont disparu. Il semble mort, pourtant il continue de hurler. La mère ne sait plus quoi faire, et éclate à son tour en sanglots.

    Ah ! Quel mélodrame ! De l'intérieur, je peux voir la scène sans être vu. La mère et la sœur de Marouca sont penchées sur lui et ne comprennent pas ce qui lui arrive. Le garçon est agité de soubresauts et de convulsions, c'est horrible à voir. Je m’apprête à l’achever pour de bon, quand un rayon lumineux me frappe de plein fouet.

    Marouca se relève d’un coup et ferme les yeux, l’air concentré. La douleur est insupportable, pourtant il se bat pour rester en vie. Il sait que si il parvient à tuer l’elfe qui s’est introduit en lui, la douleur disparaîtra.Alors il se concentre de toutes ses forces, pense à sa famille qu’il aime tant; sa soeur qui adore jouer avec lui et qui a toujours une multitude de nattes sur la tête. Sa mère qui est la plus belle femme du monde, et la mère la plus attentionnée. Son père qui a beaucoup d’humour et lui apprend à lire et à écrire. Marouca pense très fort « Sors de moi ! »

    AAAAHH ! Un tremblement de terre !!!! Le petit africain ne se laisse pas faire. Les rayons lumineux arrivent de partout et fouettent mes mains, mon merveilleux visage et mon dos. Je suis contraint de battre en retraite. C’est très étrange, c’est la première fois que cela m’arrive ! Je franchis de nouveau la barrière gluante qui protège l’oreille et sors à l’air libre. Je cours sans m’arrêter. En regardant par dessus mon épaule, je vois Marouca qui s’effondre, épuisé, dans les bras de sa mère. Beurk. Je crois que je vais changer de job.


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  • J'ai écrit ce petit texte à l'occasion du concours organisé par tigremix sur le thème "5 adolescents vont pénétrer dans une maison hantée". J'ai pris un scénario un peu classique, mais j'ai essayé de donner un caractère à chaque personnage :3

    Alice avançait en tête, la lampe torche à la main. De son autre bras, elle entourait la petite Lili, qui, enveloppée dans son manteau, grelottait de froid. Ses cheveux mouillés dégoulinaient. Ses lèvres avaient pris une teinte violette inquiétante. Thomas, Arthur et Maya lui demandaient constamment si elle allait bien. " Ça va " répondait-elle, mais à sa mine défaite on voyait qu'elle peinait à tenir debout. Les cinq adolescents s'étaient perdus dans cette forêt en début d'après midi. Ils étaient partis se promener et s'étaient aventurés un peu trop loin, là où il n'y avait plus ni chemin ni panneaux, et où les marécages surgissaient de l'ombre trop tard pour que l'on puisse les voir. Lili avait glissé dans l'un d'eux, et à présent, elle était trempée. Pour couronner le tout, la nuit tombait, et les cinq enfants n'avaient nulle part où trouver refuge. Thomas et Arthur essayaient le bras en l'air de capter du réseau, mais la barre de leur portable demeurait vide. " Merde " ronchonnaient-ils en chœur, puis se déplaçaient afin de tester un autre endroit.

    La nuit était déjà bien avancée lorsque, éreintés, ils se retrouvèrent devant une immense villa, perdue au milieu d'une clairière. Les branches recouvraient le toit et le transperçaient de tous côtés, et la maison semblait abandonnée depuis des générations. Néanmoins, les cinq enfants retrouvèrent espoir : après toutes ces heures de marche parmi les ronces et les marécages, une maison abandonnée leur semblait un confort de luxe. Ils poussèrent la porte en toussotant : de lourdes couches de poussière s'échappaient de l'intérieur. Ils entrèrent dans une immense salle carrelée de marbre rose, recouvert de mousse et de toiles d'araignées. Ces fameuses arachnides qu'on trouve dans toutes les maisons, hantées ou non; se dit Arthur en frissonnant. Il haïssait ces bestioles. Leurs 8 petites pattes le répugnaient.
    Alice aida Lili à s'asseoir devant la grande cheminée qui trônait au fond de la salle, puis entreprit d'allumer un feu.
    " Laisse, je vais le faire " dit Thomas en s'avançant. Maya les rejoignit auprès de la cheminée, se soufflant dans les mains pour les réchauffer. Arthur, quant à lui, était resté debout et admirait les grandes fenêtres qui bordaient le mur ouest. Cinq. Comme eux. Cinq fenêtres abandonnées, brisées, sûrement éreintées par leur long voyage à travers les âges. Elles étaient toutes ouvertes, sauf celle du fond, qui, même sous les coups de poing du jeune homme, demeura close. Il soupira et se remit à faire les cent pas dans la villa. Il ne supportait pas l’idée de passer la nuit ici.
    De leur côté, Maya, Thomas, Alice et Lili tendaient leurs mains grelottantes vers le petit feu; ils essayaient d’ignorer Arthur, qui, d’une certaine façon, leur transmettait son angoisse. Ils s’assoupirent tous les quatre, blottis les uns contre les autres, laissant Arthur seul, à faire résonner ses chaussures contre le marbre.

    Maya se réveilla la première. « Arthur ? » appela-t-elle. Seul le silence et le léger ronflement de Thomas lui répondirent. Arthur n’était plus là. Maya se leva avec inquiétude. Elle se dégagea de l’étreinte d’Alice et sortit dans la nuit, se frottant les bras pour les réchauffer. Des bruits inquiétants lui parvenaient. Le chant d’un hibou, le bruissement des feuilles, le hululement du vent, et autre chose. Comme un frottement exagéré de quelque chose qui traîne au sol. Maya, prise de panique, courut se réfugier dans la villa. Mais une ombre lui barra le chemin...

    Alice eut du mal à ouvrir les yeux. Elle avait dormi comme un bébé. Elle se dégagea doucement de la masse que formaient Lili et Thomas. Mais au fait, ou était Maya ? Elle regarda autour d’elle. Arthur et Maya avaient quitté la villa ! Ils étaient sûrement en danger. Alice empoigna sa torche et sortit. Le vent s’engouffrait dans sa veste, mais elle ne s’en préoccupait pas. Qu’importe qu’elle ait froid, très froid même, ni qu’elle ait peur... très peur : elle devait retrouver ses amis. Elle ne savait pas pour quelle raison ils avaient quitté leur refuge, mais la forêt, la nuit, était infestée de pièges. Elle alluma sa torche et parcourut les environs de son faisceau. Personne. Elle s’apprêtait à rentrer pour aller avertir Thomas et Lili, quand sa torche s’éteignit d’un coup. Elle sentit une piqûre violente sur son bras et vacilla...

    Thomas se réveilla en sursaut. Il venait d’entendre un cri. « Alice ? Maya ? Arthur ? » Ils n’étaient plus là. Seuls Lili et lui demeuraient au coin du feu. Où étaient donc leurs amis ? Son coeur se mit à battre la chamade. Il se leva brusquement et sortit. Il ne distinguait rien dans le noir, et il était certain qu’il n’y avait personne. Sa peur grandissait de plus en plus. Il se rappela que Lili était seule dans la villa et s’apprêtait à rentrer pour la rassurer, quand il trébucha sur une racine. Du moins, c’est ce qu’il crut. Une fois au sol, il vit la racine bouger, s’allonger... et le frapper en pleine poitrine...

    Lili avait froid. Le feu s’était éteint. Elle ouvrit les yeux, claqua des dents. Le manteau de Maya était toujours sur ses épaules, mais il était imbibé de vase et ne la réchauffait plus. Lili était ainsi plongée dans ses pensées, obnubilée par ses sensations corporelles, lorsqu’elle se rendit compte qu’elle était seule. Ses quatre amis avaient disparu. Son premier réflexe fut de hurler. Elle était peureuse de nature, et détestait se retrouver seule, surtout en pleine nuit. Elle sortit de la villa à petits pas silencieux. Et se mit à pleurer. « Alice ! Thomas ! Maya ! Arthur ! Ou êtes-vous ? » Des milliers de larmes ruisselaient sur ses joues. Entre deux de ses hoquets désespérés, elle entendit un grincement. Elle le reconnut parfaitement : c’était le grincement d’une des fenêtres de la villa. Elle rentra précipitamment. La fenêtre du fond s’était ouverte. Lili frissonna. « Non, se dit-elle, je n’ai pas peur, ce n’est qu’une fenêtre. » Elle prit son courage à deux mains et s’avança vers la vitre qui battait contre le mur d’un bruit sourd. Elle se pencha et scruta la pénombre. C’est alors qu’elle poussa un cri horrifié : en dessous de chacune des quatre fenêtres qui côtoyaient celle-ci, des corps étaient étendus. Elle les reconnut malgré le noir : Arthur, Maya, Thomas et Alice gisaient, les corps déchiquetés, une grimace figée sur le visage.


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  • Voici la nouvelle que j'ai écrite à l'occasion de la Matinale des Lycéens. 7 heures ont été données pour écrire cette nouvelle. Le thème à respecter était "Aventures New-Yorkaises".

    On dit qu'une aventure est une entreprise hasardeuse et risquée. Comment l'interpréter ? Clémence, ma meilleure amie, pense que l’aventure, c'est le départ. Le départ vers une nouvelle vie, une nouvelle terre, où elle pourra enfoncer ses pieds en se disant : Je suis libre. Elle pense que pour devenir la personne qu'elle veut être, elle doit faire en sorte de réaliser ses rêves, même les plus fous. Je ne sais pourquoi elle et moi voyons le monde avec des regards si différents. Peut-être parce qu'elle a les yeux grands ouverts et l'esprit un peu moins. Elle pense trouver des réponses dans un voyage. Moi, j'espère les trouver au fond de moi-même.

    - T'as vu le dernier épisode de Gossip Girl ? J'adore ! C'est comme ça que je voudrais faire ma vie à New York. Je vivrais à Manhattan et j'irais tous les jours chez Henri Bendel !
    C'est ce qu'elle me disait, souvent. Je la laissais me débiter l'intégralité de son projet, qu'après quatre années d'amitié je connaissais par cœur. Clémence est loin d'être frivole. Elle a les pieds sur terre, ici à Nantes. Elle sait garder la tête froide, et déchiffrer l'ambiance joviale et détendue de cette ville. Mais lorsqu'elle parle de New York, Clémence quitte le sol. Bien qu'elle mène une vie de rêve à Nantes, elle est convaincue qu'une vie meilleure l'attend là-bas. Elle se nourrit de séries telles que Gossip Girl afin de cultiver un rêve qui, j'en suis sûre, ne se réalisera jamais. Mais comment faire comprendre à quelqu'un que le rêve de sa vie n'est justement qu'un rêve ?
    Elle a découvert cette série il n'y a pas longtemps et m'a forcée à en visionner quelques épisodes. Jusqu'ici, mes goûts et ceux de Clémence ne différaient pas. Comme moi, elle aime lire Zola ou se moquer des scènes à l'eau de rose des mangas shojo. Comme moi, elle est capable de passer des heures assise sur une balançoire à méditer. Mais Gossip Girl ne m'a pas plu du tout. Est-ce à cause de l'esprit de publicité que dégage la série ou du fait qu'elle a renforcé le rêve de Clémence de vivre à New York ? Elle sort à peine de l'enfance. Cette série et toutes les louanges que l'on fait à New York lui sont montées à la tête, et maintenant, elle n'a plus qu'un objectif : vivre là-bas. J'ai toujours su que cette ville n'était pas faite pour elle. Malgré les airs féroces et engagés qu'elle se donne, je sais qu'elle est fragile. Je sais que New York la briserait.

    Oui, tout ça c'est ce que je disais il y a quelques semaines. Je tentais de toutes mes forces de dévier le rêve de Clémence pour le transformer en quelque chose de plus concret. Mais rien n'y a fait. Il y a maintenant dix-sept jours, elle est partie pour New York. Quelqu'un, je ne sais qui, lui a offert ce cadeau empoisonné et a muté son père, ingénieur, aux États-Unis. J'attends de ses nouvelles avec inquiétude.
    Moi, je vis simplement comme avant. Je lis toujours Zola, mais je n'ai plus personne avec qui partager mes opinions. Je ris toujours devant les shojo, mais seule. Je m’assois toujours sur la vieille balançoire de mon jardin, mais avec une pointe de nostalgie au cœur. On dit que les séparations renforcent ceux qui les subissent. Mais je me sens abandonnée, vide, et à la fois... C'est un sentiment que j'appréhendais depuis longtemps. Je savais que seule, je serais confrontée à mes démons et que je devrais tenir bon.

    Bip Bip !

    ___ 6 Avril 2014__
    Clémence, 15h02 :
    Salut ma Lilou ! Comment ça va ? Je suis désolée de ne pas t'avoir donné de nouvelles plus tôt, j'avais oublié mon adaptateur ! Oui je suis bête, je sais, mais je ne savais pas que les prises des Américains étaient si différentes des nôtres. Bref, à peine mon portable rechargé, je t'envoie ce message ! Comment vas-tu ? Personnellement, je viens de finir de m'installer, et je dois t'avouer avoir vécu des jours peu confortables. Mais dans quelque temps, une fois que je me serai acclimatée, je sors faire du shopping et je te raconte tout ! Jtm <3

    Lilou, 15h07 :
    L'installation est toujours un peu pénible, mais ça va s'arranger, ne t'inquiète pas ! De mon côté je m'ennuie, tu me manques déjà ! Je me suis encore engueulée avec mes parents, mais ça va mieux maintenant. A présent que tu n'es plus là pour me montrer le chemin, je crois que je me suis perdue...
    ________

    Correspondre avec elle me brise le cœur. C'est vrai. Elle seule était là pour me réconforter et me conseiller. Maintenant, je me retrouve seule face à ce monstre géant qu'est mon moi. Je ne sais comment l'affronter. Et je me creuse de l'intérieur, un peu plus chaque jour. Est-ce cela l'adolescence ? Un profond sentiment de vide, une absence totale de jouissances, accompagnée d'un mal-être constant ? Dois-je réellement me chercher, ou attendre simplement que la vérité vienne à moi ? Y arriverai-je seule ?

    ________
    Clémence, 15h30 :
    Je suis toujours là. Et je reviendrai un jour, je te le promets.
    ________

    Neuf mois plus tard

    Elle m'a dit cela il y a bientôt un an, et elle n'est toujours pas revenue. Nos SMS se sont faits rares, au fur et à mesure des jours, des semaines et des mois. Quant à moi, je me suis cherchée désespérément. Larmes, petites, grosses, sanglots étouffés ou pleurs silencieux. J'ai pleuré jusqu'à ce que mes joues mouillées et mes yeux débordants crient « Assez ! ». Et lorsqu'ils l'ont fait, j'ai enfin arrêté. J'ai accepté qui j'étais, j'ai inspiré, et enfin, je me suis sentie vivante. J'ai bombardé Clémence de SMS. Sa seule réponse a été :

    « Je ne sais pas ce que je fais là. Cette ville est immense et dépaysante. Elle enterre toutes mes illusions. Rien ne change. Je n'ai pas le goût de l'aventure lorsque je marche dans les rues de Manhattan. Je veux rentrer... »

    Clémence n'avait auparavant jamais compris que même la plus belle des villes ne peut pas nous faire oublier qui nous sommes. Au fond de moi, je me suis dit : je t'avais prévenue. Mais à l'aube de ma renaissance, ma meilleure amie désespère. C'est un entrelacement d'états d'esprit. À l'heure où je me suis trouvée, je me dois d'aider ceux qui se sont perdus.


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  • « Au cours d’une visite au musée, tu te trouves mystérieusement happé par l’oeuvre que tu contemples. Cette dernière va t’emmener au coeur de son histoire...»

    Il était 18h. Le soleil se couchait, et le musée se teintait d’or, tandis que les derniers rayons venaient caresser ma peau. Ce n’était pas la première fois que je visitais la Galerie des Offices de Florence. Dans ma famille, c’était un rituel de déambuler chaque premier dimanche du mois dans ses couloirs. Car chaque mois, on redécouvrait un tableau, au fond d’une salle. On remarquait un détail, une sculpture sans nez, un animal insolite peint en arrière plan. Ce musée m’était familier, et, féru de peinture,  j’appréciais ces visites.
    La fermeture était proche. Je m’attardais devant les tableaux, contemplant les courbes, les aplats. Lorsque inconsciemment je me retrouvai devant La naissance de Vénus. Ce tableau était mon préféré, non pas à cause de son succès, mais parce que j’étais passionné de mythologie et me nourrissais des mythes ainsi que de ce qu’ils nous apportaient aujourd’hui. Au fond de moi je m’étais toujours imaginé Vénus, la belle, la plus parfaite de toutes. Ce tableau était une fidèle représentation de mes rêves, avec les courbes exquises de la déesse et son visage confus, ses longs cheveux bouclés et son teint d’un blanc pur. Elle sortait des eaux doucement, portée par une immense conque. Les plis des tissus eux aussi me fascinaient. À leurs formes on sentait le vent, comme s’il était là, ce Zéphyr venant de l’ouest du tableau, qui faisait voler les cheveux de Vénus et le voile de l’ Heure qui tentait de l’en couvrir.
    Je m’apprêtais à repartir, à murmurer À bientôt à ce tableau dont je sentais le sens caché, mais quelque chose me retenait. J’étais comme paralysé sur place, mes yeux ne voulaient plus se détourner du visage de Vénus. Ses yeux... Ses yeux me semblèrent tout à coup si proches, ses cheveux si réels, que je vacillai. Puis je tombais en avant, soudain épuisé. Je m’apprêtais à ressentir le froid dur du sol de marbre, mais c’est un tapis d’herbe qui me reçut. J’avais fermé les yeux, le temps d’un instant. Une lumière dorée m’éblouit lorsque je levai les paupières. Des chants d’oiseaux me parvenaient, des bruissements de vagues qui se brisaient sur une étroite plage d’herbe.
    La lumière venait d’une clairière bordée de petits arbres au feuillage foncé. Le Soleil était immense, éclatant de mille feux. Il semblait presque vivant et j’eus un mouvement de recul. Mon coeur battait à rythme rapide et saccadé, comme le galop d’un cheval. J’avais ce sentiment brumeux du semi réveil, lorsque l’on s’éveille sans envie de quitter les bras de Morphée. Malgré la magnificence du paysage qui m’entourait, c’était un paysage inconnu. La peur commençait à me tirailler tandis que je reprenais conscience : j’avais littéralement été avalé par le tableau.
    Je me dressais sur mon séant. Mon blouson de cuir et mon jean taille basse avaient cédé leur place à une longue toge bleue; je me sentais dénudé et efféminé. Je me levai doucement, le souffle court, le coeur battant, cherchant une porte, une sortie. Rien. Je me sentis las et impuissant, face à ces forces magiques que jusqu’alors je ne connaissais que dans mes livres d’enfant. Jamais je ne m’étais imaginé cette situation, et voilà que, ébahi, je me trouvais à Cythère, plus de cinq mille ans dans le passé. J’avais toujours rêvé de visiter la Grèce, et ô comble de merveilles j’y étais enfin, malgré l’originalité du contexte.

    Une fois totalement remis de mon voyage, je réalisai qu’en me retournant, je découvrirais Vénus debout sur un coquillage, avec à sa droite Zéphyr et Chloris enlacés. Ému, frissonnant de soif de danger, je tournai la tête. Je ne vis pas tout de suite Vénus, car une immense aile d’ange passa délicatement devant moi, et je ne pus m’empêcher de la contempler. Elle était noire, comme celle d’un corbeau, et était rattachée au flan gauche de Zéphyr. Le dieu avait de longs cheveux crépus qui se confondaient avec ses ailes. Il portait une toge semblable à la mienne, et soufflait en ma direction, faisant voler les feuilles et le tissu qui me couvrait. Dans ses bras il tenait sa femme, Chloris, dont les cheveux blonds vénitien volaient dans le sens contraire au vent.
    Zéphyr écarta son aile. Mes yeux semblèrent fondre sur place lorsque je découvris Vénus. Elle n’était en rien semblable au tableau de Botticelli, sauf peut-être l’éclat doré de ses cheveux et sa peau couleur de lait. Cependant, la femme qui me faisait face dégageait une beauté sauvage, naturelle. Ses cheveux rebelles et emmêlés fouettaient son visage fin, presque osseux au niveau du menton. Son regard était doux, malgré la couleur d’acier de ses yeux en forme de gouttes d’eau. Ses formes étaient divines. Elle avait un corps élancé, musclé, délicat et à la fois robuste. Mais son physique n’était certainement pas sa beauté même. Elle souriait joyeusement, comme un nouveau-né découvrant le jour. Ses mouvements étaient doux et posés. Elle paraissait rayonner de l’intérieur, comme si un rayon de soleil l’habitait. Des fleurs de myrte dansaient dans le vent, formant autour de la déesse une frêle auréole de blancheur.
    Elle semblait sortie de l’écume, pourtant elle était entièrement sèche. Les vagues étaient vivantes et poussaient la conque en direction de la berge.
    Vénus me dévisageait paisiblement, me rendant mon regard curieux, et c’est ensemble que nous nous rendirent compte qu’elle était entièrement nue. Avec une pudeur feinte, elle posa délicatement ses mains sur ses parties intimes, tandis que je tournai la tête, confus de mon impudence. L’Heure,  que je n’avais encore pas remarqué, s’élança vers Vénus pour la couvrir d’un drap de soie rouge. C’est une fois vêtue que la déesse mit pied à terre et me regarda droit dans les yeux. Son regard me berçait, comme des vagues, il reflétait l’océan. Elle prit la parole doucement, d’une voix forte et suave :
    « Que viens-tu faire ici ? Et qui es-tu pour me dévisager ainsi ? » Elle fronçait légèrement les sourcils, et cette colère elle aussi feinte m’attendrit. Je m’apprêtais à répondre lorsque Zéphyr se manifesta. «  Ô Vénus, cet homme est un dieu venu de loin. déclara-t-il d’une voix douce et aérienne, semblable à un murmure. Il est ici pour vous accueillir, votre grâce. » Je tentai de protester mais Vénus me coupa : « Quel est ton nom ? »
    Je réfléchis un instant. Tout tournait en moi, la beauté éclatante de Vénus, mon arrivée dans le tableau, tout semblait si fou, que je ne pouvais me concentrer pleinement. Un seul nom me vint à l’esprit : « Mars. » déclarai-je d’une voix rauque. Ce n’était finalement pas une mauvaise idée, car lorsque la déesse me demanda ma fonction, mes compétences en arts martiaux me permirent de répondre sans ciller : « Je suis le dieu de la guerre, votre grâce. » Vénus me dévisagea. Puis me fit signe de la suivre en direction d’un char caché à l’ombre des arbres.
    Il était de bois peint, d’un beau rouge pâle assorti avec la robe de Vénus. Les chevaux s’ébrouèrent, et une fois la déesse et moi confortablement assis, il s’élancèrent dans le ciel. Je ne sais par quelle magie ils volaient, la magie divine certainement. Nous survolâmes mers et terres, villages et ravins. Je me sentais fort, aux côtés de cette femme merveilleuse dont les cheveux dans le vent me caressaient le visage. Plus rien ne comptait plus, hormis le parfum de sel qu’exhalait la déesse. Un parfum envoûtant, qui me montait à la tête, et me persuadait de tout accomplir pour elle. J’étais conscient que c’était l’effet désiré, que n’importe quel homme tombait sous le charme de Vénus, mais je ne pouvais détacher mes yeux de ses lèvres pulpeuses en forme de coeur.
    À mesure que nous approchions de l’Olympe, la lumière se faisait de plus en plus étincelante. Nous dominions la Grèce entière. Les chevaux galopaient sur le vent, semblaient chevaucher sur des pensées invisibles, des pensées qui nous poussaient à nous élever. Les portes de l’Olympe nous tendaient les bras et nous y fîmes une entrée majestueuse. Vénus avait une façon de se tenir qui me fascinait. Sa posture était droite, ses mouvements étaient lents, mais une certaine vivacité s’exprimait par ses rapides inclinaisons de la tête. Elle remit ses cheveux en place sur son épaule gauche. Une fleur de myrte était restée accrochée sur une mèche dorée. J’eus un instant de doute, puis pris mon courage à deux mains et attrapai méticuleusement la petite fleur. Vénus se retourna, souriante. « Tu es plus romantique que tu en as l’air. » susurra-t-elle. Je la saluai respectueusement et lui tendis la fleur. Elle la posa contre sa poitrine. Mon coeur battait la chamade. Ses doigts avaient effleuré les miens, et j’avais le sentiment que jamais ils ne retrouveraient une température normale. Ce que j’éprouvais était tellement fort, tellement subtil, tellement.. inhabituel. Jamais une femme ne m’avait fait cet effet-là.

    Un mois passa. Je logeais à l’Olympe, avec Vénus. Les premières semaines, la déesse n’avait pas répondu pleinement à mes avances. Elle jouait à chat avec mes sentiments. Son corps se mouvait avec sensualité lorsqu’elle passait près de moi, et lorsqu’elle me parlait, elle passait tout près de moi en murmurant à mon oreille. Mais chaque fois, lorsque je tentais de lui prendre la main, elle se dérobait.
    Mon amour m’avait fait tout oublier. Ma famille, ma vie réelle. J’étais devenu un dieu grec, et je me sentais à ma place. Les dieux m’acceptaient et me respectaient. J’avais rencontré avec excitation Jupiter, Apollon, Minerve, et tous les autres. J’admirais la puissante carrure du roi des dieux, les traits parfaits d’Apollon, la sagesse posée de Minerve. Je me méfiais de Junon, à cause des mythes qui n’en font point l’éloge. Je suivais Vénus partout où elle allait, littéralement envoûté. Cette femme était terriblement, insupportablement attirante. Sa vue plus captivante que le chant d’une sirène.

    C’était un amour qui envahissait tout. Un amour dévastateur. Un amour passionné, enflammé. Lorsque je la voyais, je tombais presque à genoux. Son regard me transperçait. Finalement, je n’étais pas prisonnier du tableau, mais de Vénus elle-même. Elle me retenait. Lorsqu’elle n’était pas là, que j’étais seul enfermé dans mes appartements, je me libérais quelque peu de son emprise pour remettre mes idées en ordre. Je pensais fuir cet envoûtement, mais lorsque je sortais elle était là, à m’attendre. Elle savait qui j’étais, c’était évident. Je pensais aller trouver Athéna, déesse de la sagesse, pour qu’elle me vienne en aide. Mais Vénus guettait le moindre de mes gestes, passant avec volupté ses mains sur ses hanches. Ah comme la nature humaine est influençable ! En ces moments je n’avais d’yeux que pour elle. Mon esprit se noyait dans mon amour.

    J’eus l’idée d’appeler Zéphyr à mon secours. Je ne sais d’où lui était venu l’idée que j’étais un dieu, mais il savait certainement d’où je venais, et il était mon seul espoir d’un jour revivre pleinement. « Ô Zéphyr ! criai-je dans le vent. Viens à mon aide ! » Le dieu ne tarda pas à arriver. De grandes ailes noires masquèrent un instant le soleil puis il se posa devant moi. Je me rappelai l’épopée d’Ulysse face aux sirènes et lui demandais de me ligoter avec des cordes et de m’emmener loin de ce monstre merveilleux.
    Nous nous envolâmes lentement. D’une fenêtre, Vénus m’appelait. Des larmes de désespoir roulaient sur mes joues. Je ne sais si je criais, si je tentais de cacher mes larmes. Mais mon coeur semblait se briser. Vénus lança la fleur de myrte dans le ciel, que j’attrapai au vol. Zéphyr me tenait dans ses bras vigoureux tandis que nous déchirions le ciel. Il me lâcha, et je tombai dans un vide infini.
    Ma chute dura une éternité. Le vent me fouettait de tous côtés. Je tenais la petite fleur serrée contre ma poitrine. Avec l’impact du sol, je sursautai. J’étais couché sur mon lit, les bras croisés, tel un mort. Je crus un bref instant que tout ceci n’avait été qu’un rêve, que pure illusion. Mais la fleur de myrte se tenait majestueusement contre mon torse.
    « Adieu Vénus » murmurai-je. Ma vie pouvait reprendre doucement son cours, avec seuls de vagues souvenirs d’une femme parfaite, divine, que je ne reverrais plus jamais.

     


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