• Un écrivain de génie : Zola

    Zola est un écrivain de talent. Après la lecture de Thérèse Raquin, j'en suis pratiquement tombée amoureuse. Dans ce livre, il étudie des tempéraments, et comme il le précise dans sa préface de la deuxième édition : « J'ai simplement fait sur deux corps vivants le travail analytique que les chirurgiens font sur des cadavres. »

    Ce travail des humains et de leurs comportements, de leur mode de vie, est passionnant. Ci-dessous j'aimerais partager avec vous mon passage préféré de ce livre, celui qui m'a vraiment fait rentrer dans l'histoire.

    Page 84

    Une porte s'ouvrit. Sur le seuil, au milieu d'une lueur blanche, il vit Thérèse en camisole, en jupon, tout éclatante, les cheveux fortement noués derrière la tête. Elle ferma la porte, elle se pendit à son cou. Il s'échappait d'elle une odeur tiède, une odeur de linge blanc et de chair fraîchement lavée.

      Laurent, étonné, trouva sa maîtresse belle. Il n'avait jamais vu cette femme. Thérèse, souple et forte, le serrait, renversant la tête en arrière, et, sur son visage, couraient des lumières ardentes, des sourires passionnés. Cette face d'amante s'était comme transfigurée; elle avait un air fou et caressant; ses lèvres humides, les yeux luisants, elle rayonnait. La jeune femme, tordue et ondoyante, était belle, d'une beauté étrange, toute d'emportement. On eût dit que sa figure venait s'éclairer en dedans, que des flammes s'échappaient de sa chair. Et, autour d'elle, son sang qui brûlait, ses nerfs qui se tendaient, jetaient ainsi des effluves chauds, un air pénétrant et âcre.

      Au premier baiser, elle se révéla courtisane. Son corps inassouvi se jeta éperdument dans la volupté. Elle s'éveillait comme d'un songe, elle naissait à la passion. Elle passait des bras débiles de Camille dans le bras vigoureux de Laurent, et cette approche d'un homme puissant lui donnait une brusque secousse qui la tirait du sommeil de la chair. Tous ses instincts de femme nerveuse éclatèrent avec une violence inouïe; le sang de sa mère, ce sang qui brûlait dans ses veines, se mit à couler, à battre furieusement dans son corps maigre, presque vierge encore. Elle s'étalait, elle s'offrait avec une impudeur souveraine Et, de la tête aux pieds, de longs frissons l'agitaient.


  • Commentaires

    1
    Samedi 21 Décembre 2013 à 20:57

    Je lis mon premier roman de Zola en ce moment. Il s'appelle : Au Bonheur des Dames.

    2
    Samedi 21 Décembre 2013 à 22:57

    Je ne l'ai pas lu, mais j'aimerais bien !

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