• Textes Concours Mai 2014

    Textes (par ordre chronologique de réception)

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    On rencontre sa destinée souvent par les chemins qu'on prend pour l'éviter - François

    On fait sa vie comme on peut, jusqu’au jour où l’on
    rencontre une autre vie qui fait de même et vit
    sa vie sans trop savoir où cela mène ; c’est la
    destinée dit-on : destinée ou décidée ?
    Souvent ce vœu d’irresponsabilité, de
    par mon expérience, cache la peur d’assumer
    les hasards de la vie autant que ses erreurs,
    chemins qui se croisent et qui bifurquent sans
    qu'on comprenne pourquoi, ni comment, cela nous
    prend à la gorge, nous oppresse et nous angoisse et
    pour supporter cela, il n’y a qu’un moyen :
    l'éviter

    On rencontre sa destinée souvent par les chemins qu'on prend pour l'éviter - Sasha27
    L’on croit toujours qu’un ange du chemin de la vie va venir nous dire que ça y est, nous sommes adoptés. Moi, je n’y crois pas. Je n’y ai jamais cru. Je suis orpheline depuis toujours. J’ai grandi avec Fabienne et Nicole, deux dames âgées très sympathiques. Mais, de voir que les autres enfants ont des parents, ça, je ne l’accepte pas. Je suis Héloïse Pierre, j’ai 13 ans. Je vis à l’orphelinat de Green Ville depuis que je suis bébé. On me raconte toujours que mes parents vont revenir. Ça, je n’y crois plus. Je sais que je suis faite pour être orpheline, que ceci est mon destin. Mais, je rêverai d’avoir des vrais parents : une mère et un père. Je me lève aujourd’hui, il est 8h42. Je dois me rendre à l’église pour faire la prière hebdomadaire du dimanche. Celle-ci repose sur le fait que tous les orphelins de toujours prient Dieu pour nous envoyer des parents. Non, je ne suis pas croyante, mais l’on m’y oblige. Ceci est horrifiant de passer ses journées dans un monastère pour au final, rien du tout. Les visites, cela se passe tous les mardis entre 11h20 et 14h50. Pour cela, le lundi, nous devons prendre soin de bien nous préparer et de ranger notre coin de dortoir. Nos journées ne sont pas passionnantes, surtout pas pour moi : lundi, préparation et nettoyage de l’Institut. Mardi, jour des visites et des arrivées. Mercredi, prière et temps libre. Jeudi, récolte au potager. Vendredi, prière. Samedi, libre et dimanche, prière et départs. Je ne vais pas à la prière du vendredi. Car celle-ci n’est pas obligatoire. Après ma prière des parents, je suis allé manger avec Valentine et Juliette, mes deux amies de toujours. Ce midi, nous avions le droit à des haricots verts, de la dinde sèche et, en dessert, à du Mont Blanc. Il y avait également en entrée de l’artichaut, sauf que je ne mange jamais les entrées. Dans l’après-midi, je restai dans le dortoir à lire Nos Etoiles Contraires de John Green. J’aime beaucoup ce livre, et il me fait également devenir nostalgique car, d’après Fabienne, mes parents souffraient de cancer du sang. Je ne m’y suis toujours pas faite.
    ***
    Le jour des portes ouvertes arrive. Je suis tellement heureuse malgré le fait que je suis sûre que je ne serai pas prise. Je restai donc dans mon coin de dortoir pendant les visites. Les futurs parents entrèrent dans le dortoir. Je leur tournai le dos. Les visites se finissent mais, alors qu’il ne restait que moi (Juliette et Valentine avait était adoptées), une jeune dame (âge approximatif de 23 ans) s’approcha vers moi et me dit :
    -Tu veux venir avec moi ?
    Je lui tournai encore le dos. Mais, je me suis dit que, de toute façon, mes parents ne viendraient pas. J’acceptai. Je n’étais plus orpheline. Comme quoi, lorsque l’on veut éviter notre destinée, elle revient à n’importe quel moment.
    A présent, je vis heureuse avec Violette (car c’était comme ça qu’elle se nommait) et Grégoire (c’était son fiancé).  Mon histoire a beau être banale, je la trouve plutôt pas mal. Surtout la fin… et vous ?

    On rencontre sa destinée souvent par les chemins qu'on prend pour l'éviter. Jean de la Fontaine - MangaZ
                                    
    Tel était le thème d'un concours organisé par Aurélie, 14 ans.
    Je n'ai jamais aimé La Fontaine. Trop fier de ses fables dont ils se servait à tout va. Je me souviens encore du jour de sa mort, le 13 Avril 1695, il me semble que c'était un Mercredi. Jusqu'à son dernier soupir il maudissait Boileau pour n'avoir eu que peu de considération pour ses fables que seules les maîtresses d'écoles octogénaires considèrent comme un art. La France était un beau pays en ce temps-là. Les gens sentaient mauvais, mais lorsque l'on vole, on oublie très vite ce genre de désagrément. J'ai vu des guerres, j'ai vu des meurtres, j'ai vu des complots, j'ai vu tout ce que l'Histoire a vu et bien plus encore, et je dois vous avouer que les malheurs ont fini par m'insupporter. Ces derniers temps, donc, je me balade sur ce nouveau monde que les humains ont créé. Quelle douce invention, l'internet. Je rentre dans ces boîtes qui ressemblent tantôt à des planches, tantôt à des toits et j'explore et découvre la bêtise humaine à un degré défiant l'imagination, encore plus que ne le ferait ma propre existence. Croyez-moi, quand je vous dis que dans un certain village de ce monde, j'ai vu une jeune fille clamer haut et fort que son rêve était de devenir écrivain. J'ai commencé à rire. C'est alors que la boîte en plastique m'a détecté comme étant un virus. Moi ! Un virus ! Je n'ai eu d'autres choix que d'aller me réfugier dans une autre boîte appartenant à un certain Ariel dont le rêve est beaucoup plus ennuyeux. Passons, je suis certain que vous n'avez que faire de cet Ariel. Après tout, qui de nos jours rêve encore d'argent ?
    Je n'ai pas cherché à savoir qui a assassiné ce président très fameux de cet état humain très fameux aussi mais dont je ne connais pas le nom, je n'ai pas non plus cherché à savoir où s'était crashé cet oiseau très bruyant et laid fabriqué par l'Homme et qui avalait les hommes pour les régurgiter ailleurs. En revanche, j'étais très curieux de savoir ce qui allait arriver à cette jeune fille. Je suis donc allé voir son avenir. Ce n'est pas aussi facile qu'on peut le croire. En réalité, c'est très fatiguant. J'ai d'abord commencé par sortir de la boîte de cet Ariel car elle commençait à surchauffer, je devrais lui faire gagner une nouvelle boîte toute neuve s'il est sage cette année mais cet humain est tellement méfiant qu'il pourrait à lui seul relancer le mythe du Père Noël, alors qu'il n'est même pas chrétien. Je suis donc allé voir Scottie.
    Ça doit faire maintenant trois éternités et demi que Scottie s'occupe de la division Avenir. Sa mère est psy en enfer, elle aide ceux qui regrettent vraiment d'y être en leur parlant pendant de longues années pour essayer de calmer leur souffrance. Scottie était avec moi au Berçeau. Il a toujours été très intelligent et très respecté jusqu'au jour où les humains ont découvert ce prénom et commencé à l'utiliser et qu'il en est devenu la risée. Il s'est alors juré d'utiliser sa fonction à la division Avenir pour traquer tout les futurs Scottie.
    - Salut Scottie
    - Mec tu savais que Scottie était le diminutif de Scott ?
    - Non, je ne sais même pas ce que c'est qu'un Scott
    - Abruti, c'est un prénom humain aussi
    - T'es en train de me dire que t'es un diminutif d'un humain ?
    - Pas qu'un seul ! Ces salopards de Scott sont des millions !
    - Tu vas te mettre à traquer les Scott aussi ?
    - Je ne sais pas, c'est possible
    - Bon écoute, je veux voir le dossier d'une jeune humaine
    - Tu veux te retrouver chez ma mère toi
    - Je sais que c'est interdit mais je sais aussi que cette histoire de Scott, je suis le seul à la connaître
    - Son prénom et son rêve ?
    - Quoi ? C'est tout ?
    - Les humains sans rêves ne sont pas considérés comme des humains, on ne garde donc pas leur dossier. Et comme chaque rêve est unique et que les dossiers sont gardés par ordre alphabétique, il ne suffit que du prénom pour retrouver le bon dossier.
    -  Aurélie. Elle veut devenir écrivain.
    - Je l'ai
    L'impatience. Caractéristique purement humaine qui se définit par l'incapacité d'attendre. Autrement dit, on se retrouve agacé par le temps. Alors que le temps m'est étranger, comment cela se fait-il que je ressente un tel sentiment ? J'aurai très bien pu attendre et voir son avenir tel qu'elle le vit. Mais non. Bon voyons voir :
    "Aurélie Rêve Écrivain, mort prématurée à 28 ans"
    Les humains croient beaucoup à Destin, ils pensent qu'il a tout écrit à l'avance. Ma foi, ce n'est pas complètement faux, mais tout n'est pas écrit non plus. Ils oublient que Destin est très joueur, que le budget de la division Avenir est très réduit et que l'encre ça coûte très cher.
    Je n'avais pas le choix, j'allais devoir suivre cette petit humaine pour voir si son rêve se réalisera. De toutes les manières, un vieil ami à la division de la Discorde m'avait assuré qu'aucun évènement majeur n'aurait lieu ces cinquantes prochaines années. Autant vous dire que j'ai un peu de temps à perdre. De retour dans le bas monde, il ne venait de s'y écouler qu'un millième de seconde. L'antivirus était toujours en train de me chercher, alors j'ai décidé de prendre ma forme de filature dans le monde réel. J'ai suivi Aurélie, l'ai vu étudié la physique, la chimie ou encore la biologie. Décidément, les gars de nos laboratoires de développement de lois universelles font vraiment du beau boulot. Aurélie a par ailleurs trouvé son Aurélien, a rejoint l'université mais ce n'est pas les lettres inventées par les humains, seule invention qu'on leur a empruntée, qu'elle étudiait, mais bien les fausses lois d'un faux univers créé de toutes pièces par nos laboratoires. Elle avait laissé tomber son rêve. Aurélie avait choisi de vivre dans le mensonge d'une fausse science. Je n'étais pas triste, je n'étais pas déçu. Non. Je ne ressens pas ce genre de choses. Cependant, j'étais curieux, je voulais voir son rêve se réaliser, je voulais m'accaparer un instant ses émotions pour voir ce qu'elle ressentait. Alors j'ai réalisé des miracles. J'ai corrigé ses erreurs, lui ai soufflé des idées de génie, influencé le choix des jurys et enfin lui ai fait gagner les plus prestigieux prix de littérature. Je me suis dit que j'allais voir, j'étais curieux. Alors, j'ai pris possession de son esprit. Et j'y ai vu la vanité, l'orgueil, la paresse et la suffisance. Cela ne pouvait pas être possible, pour la première fois depuis la création du Tout, j'ai été troublé. Si ces sentiments étaient ce que pouvait éprouver des humains suite à la réalisation de leur rêve, alors pourquoi le rêve définit-il l'être humain ?
    Le jour de son 28ème anniversaire, j'ai éprouvé, pour la dernière fois, de la curiosité envers cette existence pathétique. Je l'ai vue se réveiller après une soirée bien arrosée. Je l'ai vue écrire un article sur le net où elle donne des conseils sur comment faire venir l'inspiration. La bonne blague. Je l'ai vue rentrer chez elle tard le soir, accompagné d'un énième amant. Encore tellement saoule de la veille qu'elle ne s'est même pas rendu compte qu'aujourd'hui était son anniversaire. Et c'est en pleine apogée de partie de jambes en l'air que l'horloge avait sonné et qu'elle prononça ces mots : Ne t'arrête jamais.
    Elle avait désormais 29 ans.
    Comment cela était-il possible ? Le savoir du Tout est absolu. L'erreur est humaine. L'erreur nous est inconnue. Alors quoi ? Confus pour la première fois depuis très longtemps, je suis allé voir une vieille connaissance.
    - Salut Scottie
    - Mec tu savais que Scott veut dire Ecossais ?
    - J'aime bien l'Ecosse, c'est vide
    - Tu penses que s'il n'y a plus d'Ecosse, il n'y aura plus de Scott ?
    - Les humains oublient vite, ils créeront peut être une autre Ecosse
    - Je ne sais pas, c'est possible
    - Je veux voir le dossier d'une jeune humaine
    - Tu te rends compte que tu viens de me demander la même chose qu'il y a quelques instants ?
    - Contrairement aux humains, Scottie, je n'oublie pas et je n'ai certainement pas oublié pour l'histoire de Scott
    - Son prénom et son rêve ?
    - Aurélie. Elle veut que ça ne s'arrête jamais.
    - Tu as de la chance, on vient tout juste de recevoir celui là
    Ben voyons.
    " Aurélie Rêve Plaisir Eternel, mort naturelle 83 ans"
    J'ai retrouvé Aurélie Rêve Ecrivain. Elle s'est suicidée après avoir vécu dans l'ombre d'une personne portant le même prénom qu'elle. J'ai retrouvé ses écrits. Ils n'étaient pas mauvais, simplement, ils ne pouvaient rivaliser avec des textes portant mon empreinte. Il y a eu des Julie, des Anne et même des Scottie. Mais pas d'autres Aurélie. J'avais crée une étoile de la littérature tellement rayonnante qu'elle éclipsa toutes les autres. Je ne ressens pas le remord ni le regret. Non. Je ne ressens pas ce genre de choses. Je ne me suis pas trompé. C'est Aurélie Rêve Plaisir Eternel qui a menti, qui s'est menti. Son rêve n'était pas d'être écrivain. Pourtant, Destin en avait décidé autrement. Et elle avait beau s'en être détournée, Destin avait trouvé en ma curiosité le moyen de faire en sorte que se produise ce qu'il devait se produire. Décidément, ce petit salopard s'est bien servi de moi.
    En 2253, alors que Scottie devint le prénom le plus populaire de l'humanité juste devant Scott, j'ai décidé d'aller rendre une petite visite aux Aurélie.
    Elles étaient toutes les deux en enfer. L'une avait commis presque tous les péchés qu'un humain pouvait commettre, et l'autre s'était suicidée. Aurélie Rêve Plaisir Eternel passait son temps dans le lac de lave. Lorsque je lui ai demandé pourquoi, elle me répondit que c'était ce qui la tuait en la faisant le moins souffrir. La plupart pourtant préférait la mort par privation de nourriture, puisqu'au début du châtiment, l'on ne sentait absolument rien. C'est cette mort à répétition qu'avait choisi Aurélie Rêve Ecrivain. A chaque réapparition elle écrivait jusqu'à ce que la faim la rende complètement incapable d'entreprendre le moindre effort d'ordre intellectuel. Elle chargeait la mère de Scotty de conserver ses écrits. Lorsque son livre fut fini, il fut grandement apprécié par tout les habitants de l'enfer. Comment j'ai rêvé d'être écrivain, deux fois. C'était le titre de son roman. Elle y racontait les difficultés d'être écrivain sur Terre, puis en enfer.
    "En enfer, il n'y a pas d'encre, seulement des feuilles, il paraît que l'encre coûte cher, donc on en a pas et ce n'est pas facile d'écrire avec son sang. Il m'est une fois arrivé de mourir exsangue au lieu de mourir de faim car j'étais trop inspirée" a été élu meilleur passage de son roman.
    Le livre s'est écoulé à près de cinq cent milliard d'exemplaires numériques à travers l'enfer puisque les réformes technologiques ont permis à chacun d'avoir une boîte en plastique comme celles qu'utilisaient les humains du temps de l'internet. Son livre a été le plus lu de toute l'Histoire du Tout. Décidément, Destin semble s'amuser.  Je n'étais pas content pour elle. Je n'étais pas soulagé. Non. Je ne ressens pas ce genre chose.


    On rencontre sa destinée souvent par les chemins qu'on prend pour l'éviter - Enavres-Chan

    Un jour comme un autre, il se réveilla de mauvaise humeur. Il pleuvait, il allait être en retard et son café avait refroidi. Ce n'était pas inhabituel. C'était d'ailleurs la même chose tous les matins. Il y eut encore des embouteillages sur l'autoroute sur le chemin de son travail, il ne trouva pas de place de parking proche, l'ascenseur était en panne, et la machine à café n'avait plus de gobelet. Pestant contre sa sempiternelle malchance, il se mit au travail. Durant la journée, il renversa la canette d'eau gazeuse qu'il avait réussi à obtenir sur son clavier, son poste d'ordinateur s'éteignit brusquement, sa détestable collègue vint le déranger une énième fois…
    Bref. Pessimiste dans l'âme, notre cher protagoniste rentra chez lui tout en continuant de rager pour tout et rien. La voix nasillarde d'une femme à la radio, la mauvaise visibilité du fait des nuages, son parapluie qu'il avait oublié au bureau…
    Rentrant chez lui, il essaya d'allumer sa télévision, qui, à son plus grand étonnement, s'alluma. Première, et sans doute dernière petite joie de la journée. Les chaînes qu'il zappait au fur et à mesure ne l'intéressait guère. Politique, match, politique, dessins animés débiles, finances… Rien de passionnant. Pendant la pub d'une série aussi peu captivante que tout ce qu'il regardait, une question apparut dans son esprit. Il essaya en vain de la chasser en se soûlant d'émissions et de café froid, mais elle persistait.
    Aurait-il toujours une vie aussi plate et ennuyeuse ? La lampe qui grésilla au plafond ne fit que renforcer son sentiment d'inutilité. Avait-il été conçu dans le but de ne servir à rien, ou un esprit sadique faisait tout pour qu'il se sente seul tout le temps ? Que d'interrogations certainement toutes aussi vaines que sa raison de vivre…Le lendemain, ce fut un samedi. Bonne ou mauvaise nouvelle ? Il n'avait pas à aller travailler, certes, mais à quoi bon passer son temps ? Prenant ses bottes et son manteau, il sortit, profitant un peu du bon air qui était présent ce jour là, contrairement à la veille. Se promenant dans la vaste campagne qui bordait un des coins de la ville, il rencontra un  groupe de gitans de passage. Un camping-car un peu éloigné des autres présentait une certaine Madame Imatra, voyante pour tous et pour peu ! Votre avenir en 6€… Délaissant son dégoût habituel pour les gens du voyage, et ses interrogations toujours en tête, il entra. Il fut accueilli dans une obscurité opaque et humide, sentant légèrement le renfermé et la pomme de terre. Quelques petites lumières s'allumèrent peu à peu, permettant de distinguer le visage de la prétendue voyante Mâdâme Imatra. Quelques instants plus tard, la tête embrumée de sinistres prédictions, il sorti.
    Le dimanche, rien ne se passa.
    La semaine suivante arriva, bien assez tôt, et dura bien assez longtemps. À quoi pouvait servir la vie quand on n'en faisait rien ? Encore une semaine, à essayer de repousser un avenir qui était toujours beaucoup trop proche, mais qui était inévitable. Pourquoi vivre si c'est pour être entouré de solitude, et ne pas avoir de raisons de la poursuivre ?Il pensait que la mort serait une délivrance.
    Il n'en fut rien. Il fut accueilli dans un néant situé quelque part, par un homme aux cheveux blancs immensément longs et aux yeux entièrement noirs tachetés de minuscules points argentés, lui disant que pour avoir refusé le don de la vie qu'il n'avait pas utilisé, il devrait la revivre cent fois, avant d'avoir le droit de réessayer dans un monde nouveau.
    Avant de ressusciter dans une vie qu'il savait d'avance inutile, une étrange pensée lui traversa l'esprit : On rencontre sa destinée souvent par les chemins qu'on prend pour l'éviter.
    Effectivement, on ne pouvait jouer volontairement avec son destin, il vous rattrapait toujours, ainsi qu'il en fit
    l'expérience, avant d'avoir sa seconde chance…