• Ana (Avril 2013)

    L'année dernière j'ai entamé le roman Ana, qui parlait d'une jeune fille égarée dans l'Atlantique, qui se faisait héberger par un barman londonien, et qui tentait de retrouver son identité. L'année dernière encore, j'étais très naïve, donc soyez indulgents ;)

     

    Chapitre 1

     

    Printemps 2012, Londres

     

    Ana marchait d'un pas libre sur le grand boulevard qui menait à son travail. Levée de bonne humeur et en pleine forme pour passer huit heures assommantes au Greens Bar, la jeune fille était gaie. Elle savait que la vie ne lui avait pas offert le meilleur parcours; mais en cet instant, lorsqu'elle posait les yeux sur les grands immeubles colorés et les arbres fleuris qui tapissaient Kowigh Boulevard, elle sentait son cœur bondir de joie et de liberté.

     

    Une fois arrivée au bar dans lequel elle travaille depuis bientôt huit ans, Ana s'approche du comptoir et salue timidement son patron exécrable. De peur de l'ennuyer, elle se retire dans l'arrière-boutique pour y retrouver John.

     

    John est le meilleur ami d'Ana. Lors de sa « délinquance adolescente », lorsqu'elle s'était mise à fumer, à boire et à visionner des films pornographiques; lorsque son patron la maltraitait et ne la payait pratiquement pas, John l'avait soutenue. Il l'avait ramenée chez lui les soirs où elle avait failli, complètement soûle, partir avec des hommes mal intentionnés. Il lui avait prescrit un traitement contre la drogue, car comme il disait toujours: il valait mieux vivre sa vie avec des poumons en bon état. John lui avait ouvert les bras lorsque, en pleurs, elle était revenue du bar avec des marques rouges sur l'épaule, une misérable pièce dans la main. Il avait appris à Ana comment se faire respecter, ainsi que la manière de croquer la vie comme un fruit délicieux. Il était devenu son frère et son confident.

     

    « Salut Ana! Tu n'as pas recommencé à fumer j'espère? » Il lui demandait cela chaque matin, parfois même avant « bonjour », car la jeune "bar girl" avait souvent eu la tentation de recommencer la cigarette. Mais c'était fini, elle lui avait promis de ne plus recommencer.

     

    Les larmes lui venaient aux yeux lorsqu'elle songeait à tout ce que John avait fait pour elle. Elle n'avait jamais connu ses parents, ne se rappelait plus de son enfance et ne connaissait même pas son pays natal.

    « D'après ton teint plus foncé qu'un Anglais et ton accent, tu dois sûrement venir du Sud de l'Europe. » Elle espérait un jour retrouver ses parents, si ils vivaient encore....

     

    8 ans avant, côtes de la France

     

    Ana court vers la plage. Sa robe de demoiselle d'honneur flotte au vent comme un drapeau qui voudrait s'envoler vers le soleil d'après midi. La petite fille retire ses ballerines roses et enfonce ses pieds dans le sable. Elle a horreur des mariages. Il faut rester bien sage sans bouger, et réciter des chants religieux comme un robot. Une fois l'alliance enfilée au doigt de sa mère, elle a profité de la fascination de tous les invités pour ce petit bout de ferraille et a détalé comme un lapin. En riant elle joue avec les vagues. Ses cheveux dorés lui fouettent le visage. Elle se sent libre comme un oiseau, et écarte les bras comme pour s'envoler.

    Ana a alors huit ans. Ses parents lui ont tout appris. Elle est polie, mignonne comme un cœur et serviable. Elle a tout pour être heureuse. Bien que fille unique, ses parents prennent garde à ne pas la rendre pourrie gâtée ni irritable. Il aiment par-dessus tout leur fille et elle est l'invitée d'honneur de leur mariage.

    Ana se remémore sa mère entrant dans l'église Saint Patrick, toute vêtue de blanc. Un voile de fine dentelle cache son visage si doux, aux traits si fins. Ana court vers elle et soulève le tissu, puis lui place un bouquet de tulipes rouges entre les mains. Personne n'accompagne Charlie, car son père est mort d'un cancer des poumons. Elle, a juré de cesser de fumer et de concevoir un enfant merveilleux avec son fiancé, Emrick. Les deux mariés et leur petite enfant s'approchent du prêtre également vêtu de blanc, afin de s'unir pour l'éternité. Les tulipes sont la preuve de leur amour. Charlie regarde tendrement son mari. La vie lui a offert tout le plaisir nécessaire. Avant même qu'elle naisse, son père avait mis de côté de l'argent pour ses études et son futur foyer. Elle était sortie du lycée avec d'excellents résultats, ce qui lui permit d'entrer dans une université scientifique, puis de devenir une professeur renommée en physique et sciences naturelles. Trois ans plus tard, la rencontre d' Emrick l'avait comblée de joie. Ils s'étaient aimés au premier regard. Ensemble, ils avaient construit une relation inébranlable, et vivaient confortablement dans leur petit nid d'amour.

    Ana avait été le plus beau cadeau qu'on leur eut jamais fait. La petite famille s'était installée à Noirmoutier depuis deux ans et vivaient à quelques pas de Saint Patrick.

     

    Ana s'approche de l'eau. Elle aime le goût salé de la mer qui lui enflamme la langue lorsqu'une vague s'abat sur elle. Elle entre dans l'eau jusqu'à la taille. Au risque de mettre en colère ses parents, elle ne se déshabille pas. Sa robe lui colle à la peau. Le moment est délicieux. Ana rit en recevant les vagues aux visage. Elle s'avance encore. La mer l'engloutit toute entière. Mais Ana n'a pas peur. Elle est persuadée depuis longtemps que les vagues lui obéissent. Elle nage dans l'eau, heureuse, et s'éloigne de plus en plus de la plage.

    Lorsqu'elle se rend compte qu'elle n'a plus pied, il est trop tard. Une vague l'emporte et sa bouche se remplit d'eau. Elle tousse, tente de garder la tête hors de l'eau. Ana agite les bras calmement, comme le lui a appris son père. Mais rien n'y fait. Sa robe mouillée l'entraîne vers le fond. « Maudits jupons et dentelles! » pense-t-elle en tentant de les retirer. « Arrête! Laisse-moi! » crie-t-elle à la mer; mais elle ne lui obéit plus. De violentes vagues font boire la tasse à la petite fille. A bout de forces, Ana cesse de lutter. Et l'eau envahit son corps entier. De la plage, on ne voit plus qu'une tache rose qui flotte à moitié.

     

    Au même moment, quelques centaines de mètres plus loin

     

    Tex bougonnait dans sa barbe naissante. Aller jusqu'en France chercher des vins de qualité lui faisait perdre son temps et son argent. Mais c'était la seule façon de préserver la clientèle à Greens Bar. Les affaires allaient mal. Et par dessus le marché, plus personne ne travaillait pour lui car ses manières étaient soi-disant malhonnêtes et honteuses. Personne ne l'avait encore dénoncé à la police par respect pour sa sympathie envers les clients. Mais ce n'était pas loin. Il sentait venir une plainte comme un souffle glacé derrière lui. Il avait loué un petit bateau à moteur et revenait avec dix barils de vin. Le meilleur, lui avait-on dit.


  • Commentaires

    1
    Jeudi 27 Février 2014 à 19:06

    j ai vu que tu es passée sur mon blog mais que tu n'a pas laissé de com dommage çà fait toujours plaisir de lire un petit mot peut etre n'as pas tu trouvé ce que tu cherchais, moi je ne cherche pas a etre ecrivain, je joue dans des ateliers çà me detend de mon boulot stressant je suis infirmièreje te souhaite bonne chance

    amicalement Missnefr

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    2
    Jeudi 27 Février 2014 à 19:14

    Bonjour, je suis désolée je visite beaucoup de blogs et je ne poste pas de commentaires sur tous ;) je ne me rappelle pas avoir visité ton blog je vais y retourner ! :)

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